Avant les années 2000, les violences conjugales étaient un sujet dont on parlait peu. Beaucoup de femmes subissaient des coups, des menaces ou des humiliations sans que personne ne s’en mêle. C’était considéré comme une affaire privée, quelque chose qui relevait du couple et non de la justice. Les victimes avaient du mal à se défendre, et les solutions pour s’en sortir étaient rares.
Aujourd’hui, ces violences sont reconnues comme un problème de société, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Pendant longtemps, elles ont été minimisées, ignorées ou même acceptées par une grande partie de la population.
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ToggleUne violence ignorée pendant des décennies
Jusqu’aux années 90, la plupart des pays ne prenaient pas au sérieux les violences dans le couple. Beaucoup pensaient qu’un homme avait un droit naturel sur sa femme et que, s’il levait la main sur elle, c’était une affaire de famille.
Les femmes qui osaient parler se heurtaient souvent à un mur. La police intervenait rarement, et quand elle le faisait, elle se contentait de calmer la situation sans prendre de mesures contre l’agresseur. Certaines victimes allaient jusqu’au tribunal, mais les juges étaient peu enclins à condamner les coupables, sauf en cas de blessures très graves.
Les proches des victimes, eux aussi, minimisaient souvent le problème. On conseillait aux femmes de supporter la situation, en leur disant que « ça s’arrangerait avec le temps ». Beaucoup se taisaient, convaincues qu’elles n’avaient pas d’issue.
Une justice inefficace face aux violences conjugales
Sur le plan juridique, les protections étaient quasiment inexistantes. Si une femme portait plainte, elle devait souvent prouver des années de maltraitance pour être entendue. Les juges privilégiaient la « réconciliation » et encourageaient les couples à se rabibocher.
Dans certains pays, le viol conjugal n’était même pas reconnu par la loi. Une femme mariée ne pouvait pas accuser son époux de viol, car la relation sexuelle était considérée comme un devoir conjugal.
Quand une victime décidait de fuir, elle se retrouvait souvent sans ressources. Le divorce était compliqué à obtenir, et même si elle partait, elle risquait de perdre la garde de ses enfants. Beaucoup restaient, faute d’alternative.
L’éveil des consciences et les premiers engagements
Dans les années 70 et 80, certains groupes féministes ont commencé à dénoncer ces violences. Ils ont ouvert les premiers refuges pour accueillir les femmes en danger et ont fait pression sur les gouvernements pour changer les lois.
Des associations ont commencé à publier des témoignages de victimes, montrant que ces violences n’étaient pas des cas isolés, mais un problème bien plus large. Peu à peu, le sujet a commencé à être pris au sérieux.
Les années 80 ont aussi vu l’apparition des premiers numéros d’urgence dédiés aux femmes battues. Ces lignes téléphoniques permettaient aux victimes de parler à quelqu’un, d’avoir des conseils et, parfois, d’être mises à l’abri.
L’impact des médias et des chercheurs
Les médias ont joué un rôle important dans cette prise de conscience. Dans les années 80 et 90, plusieurs reportages ont montré la réalité de ces violences. On voyait enfin des victimes parler à visage découvert, raconter leur calvaire et dénoncer l’impunité des agresseurs.
Des chercheurs ont aussi commencé à s’intéresser au sujet. Les premières études sociologiques ont démontré que ces violences concernaient toutes les classes sociales, et pas seulement les milieux défavorisés, comme certains le pensaient.
Les chiffres qui ont été publiés à cette époque ont marqué les esprits : des millions de femmes vivaient sous la menace, et la plupart n’avaient aucun moyen de s’échapper.
Les obstacles pour quitter un conjoint violent
Même lorsqu’elles voulaient partir, les victimes se retrouvaient confrontées à de nombreux freins :
- La dépendance financière : beaucoup de femmes n’avaient pas de travail ou de revenus suffisants pour vivre seules.
- La peur des représailles : quitter un homme violent pouvait aggraver la situation, car il refusait souvent d’accepter la séparation.
- Le manque de soutien : l’entourage minimisait souvent le problème ou décourageait les victimes de partir.
- Les démarches juridiques compliquées : obtenir une protection légale ou divorcer pouvait prendre des mois, voire des années.
Résultat : beaucoup de femmes restaient avec leur agresseur, faute de solutions adaptées.

Les premières avancées légales
Dans les années 90, certains pays ont commencé à adopter des lois plus strictes. Des peines de prison ont été introduites pour les hommes violents, et les plaintes étaient enfin prises plus au sérieux.
Voici quelques dates marquantes dans l’évolution des lois avant 2000 :
Pays | Année de la première loi | Principaux changements |
---|---|---|
États-Unis | 1994 | Création du Violence Against Women Act, protection des victimes, financement des refuges. |
France | 1992 | Reconnaissance des violences conjugales comme un crime, possibilité pour les femmes de porter plainte plus facilement. |
Espagne | 1989 | Les violences domestiques sont officiellement considérées comme une infraction pénale. |
Canada | 1983 | Modification du code pénal, criminalisation du viol conjugal. |
Ces lois ont marqué un premier tournant, mais leur application restait encore insuffisante dans de nombreux cas.
Un combat encore fragile à la fin des années 90
Même si la situation commençait à évoluer, les mentalités ne changeaient pas du jour au lendemain. Dans certaines régions, il était encore difficile pour une femme de quitter un conjoint violent sans se retrouver isolée et en danger.
Les policiers et les juges n’étaient pas toujours formés pour traiter ces affaires correctement. Il arrivait encore que des plaintes soient rejetées ou que des femmes soient renvoyées chez elles avec un simple « essayez de vous arranger ».
Mais à la fin des années 90, le sujet devenait de plus en plus médiatisé. De nouvelles lois étaient en discussion, et la pression des associations et des victimes ne faiblissait pas.
Les violences conjugales before:2000 étaient encore largement sous-estimées, mais les bases du combat moderne étaient posées. Les années 2000 allaient marquer une nouvelle étape, avec des lois plus strictes et un meilleur accompagnement des victimes.