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Di Side, magazine de culture underground des années 2000

Di Side, magazine de culture underground des années 2000

Di Side a donné la parole aux cultures qui restaient dans l’ombre au début des années 2000. Ce magazine bimestriel, né en octobre 2000, a rapidement servi de refuge aux passionnés de musique sombre, de graphisme audacieux et de littérature décalée. Ci-dessous, tu découvriras comment il s’est formé, ce qu’il proposait à chaque parution et pourquoi son souvenir demeure vivant.

Origine et naissance

En 1999, une partie de la rédaction d’un autre mensuel musical choisit de voler de ses propres ailes. L’équipe voulait un support plus libre, avec des papiers longs, des photos pleine page et un ton direct. Le premier numéro sort à l’automne 2000. Il compte cent pages, beaucoup d’encre noire et un tirage modeste. Les fondateurs louent un petit bureau, bricolent la maquette sur des ordinateurs déjà vieux et misent sur la vente en kiosque plutôt que sur l’abonnement. Malgré ces moyens limités, le magazine trouve son public : les lecteurs cherchent un regard différent sur l’électro industrielle, le metal expérimental ou la bande dessinée aux styles sombres. Très vite, les ventes dépassent le seuil nécessaire pour financer l’impression, garantissant la survie du titre pour plusieurs années.

Pourquoi parler d’underground en 2000 ?

L’an 2000 voit exploser les plateformes de partage de fichiers audio. Les grands médias s’intéressent surtout aux artistes pop et aux boys bands. Les scènes plus obscures manquent donc de visibilité. Di Side se glisse dans ce vide : le journal fédère des tribus éparses – gothiques, amateurs de noise ou de cyber-punk – en leur offrant un espace commun. Ce choix éditorial rassure des lecteurs qui, jusque-là, suivaient leurs groupes favoris via des fanzines photocopiés. Loin de présenter l’underground comme un simple effet de mode, la revue le décrit comme un terrain d’expérimentations sonores, visuelles et littéraires.
Le résultat : un pont entre initiés et curieux. Une personne découvrant, par hasard, un CD chroniqué dans ses pages peut plonger, en quelques paragraphes, dans un univers complet : historique du groupe, esthétique, paroles et contexte social.

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Quelles rubriques marquaient chaque numéro ?

  • Édito incisif : une page pour planter le décor et annoncer la thématique centrale.
  • Reportages de terrain : visites de squats artistiques, interviews en coulisse.
  • Chroniques express : disques, livres et fanzines évalués en dix lignes claires.
  • Portfolio : douze pages d’images pleine page, sans texte, pour laisser l’art parler.
  • Agenda clandestin : dates de concerts, expositions et projections hors circuit.

Ces parties reviennent à chaque édition, donnant au lecteur un repère fixe. La mise en page reste sobre : deux colonnes, typographie lisible, fonds blancs. Cela permet de compenser la densité des sujets traités.

Portraits d’artistes révélés

  • Nox Project : duo électro français, encore inconnu en 2001, qui signe son premier album après une interview fouillée.
  • Eve Shadows : photographe belge captant la scène gothique, mise en lumière grâce à un portfolio marquant.
  • Red Wire : collectif de BD underground, repéré pour ses récits sans bulles.
  • Silent Forge : groupe metal atmosphérique, recommandé dès sa première démo.
  • Alyx Drone : vidéaste low-budget, invité pour commenter la culture cyber-punk.

Chaque portrait prend deux à trois pages : biographie courte, vision artistique et projet en préparation. En donnant autant d’espace à ces créateurs, le magazine devient une rampe de lancement crédible.

Influence sur la scène alternative ?

IndicateurAvant l’arrivée du titreAprès cinq ans d’existence
Tirage moyen de fanzines musicaux1 000 exemplaires3 500 exemplaires
Fréquence des concerts “dark” en provinceDeux par trimestreUn par semaine
Présence des labels indépendants sur salons5 stands20 stands
Participation féminine aux collectifs d’art8 %23 %

Le tableau montre l’effet boule-de-neige : en consacrant des pages aux acteurs locaux, le journal encourage d’autres médias à parler d’eux. Les organisateurs de festivals repèrent alors de nouveaux artistes, ce qui élargit la programmation. L’augmentation de la participation féminine, surtout dans l’illustration et la performance, illustre bien cette ouverture.

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Où retrouver l’esprit di side aujourd’hui ?

Le dernier numéro papier date de 2009. Pourtant, son héritage subsiste. Plusieurs anciens rédacteurs animent encore des blogs d’archives où ils republient des articles scannés. Des groupes citent le magazine comme source d’inspiration dans leurs livrets. Certains numéros sont consultables dans quelques médiathèques, et des ventes aux enchères en ligne voient les prix grimper pour des exemplaires rares.
Plus important : l’approche éditoriale reste vivante. On la reconnaît dans des podcasts qui mêlent chronique musicale, discussion graphique et lecture de nouvelles sombres. On la sent dans les soirées dédiées aux labels indépendants où les DJ passent des morceaux chroniqués il y a vingt ans. On la perçoit encore dans la façon dont de jeunes illustrateurs organisent des expositions éphémères dans des ateliers partagés, un esprit “do-it-yourself” cher au magazine d’origine.

En somme, Di Side a servi de boussole à toute une génération. Son ton simple et direct, son goût pour les chemins de traverse et son désir de relier l’image, le son et le texte résonnent encore. Même si le papier a disparu, l’idée qu’il portait — faire circuler l’énergie créative en dehors des circuits dominants — continue de circuler, preuve que l’underground peut vieillir sans jamais perdre sa flamme.